Le co-allaitement, qui consiste à allaiter deux enfants de la même fratrie, suscite encore de nombreuses interrogations et préjugés. Dans cet article, nous souhaitons explorer cette pratique encore méconnue, briser les idées reçues et offrir un éclairage sur les avantages et les défis du co-allaitement. Que vous envisagiez cette expérience ou que vous souhaitiez simplement en savoir plus, plongez dans cet univers lacté et découvrez pourquoi le co-allaitement peut être une belle aventure à partager en famille.
Sommaire
1. En quoi consiste le co-allaitement ?
Le co-allaitement est le fait de poursuivre l’allaitement de l’aîné.e pendant la grossesse suivante, puis d’allaiter 2 bébés/bambins/enfants de la même fratrie sur une période plus ou moins longue. Le fait de co-allaiter est un choix qui appartient à la maman, et ne doit en aucun cas lui être imposé, tout comme ce souhait co-allaitement doit être respecté. Aucune contre-indication médicale n’interdit le fait d’allaiter simultanément 2 enfants d’une même fratrie.
Le co-allaitement est un sujet encore assez méconnu à l’heure actuelle, il peut donner lieu à des remarques déplaisantes ou jugeantes de la part de l’entourage de la mère qui souhaite mener à bien un co-allaitement. De même, de fausses idées circulent régulièrement à ce sujet. Il est nécessaire de s’affranchir de toutes les injonctions à propos de l’allaitement, tout comme les fausses croyances au sujet du co-allaitement, afin de vivre sereinement ce moment de vie particulier.
2. Le co-allaitement à travers le monde.
Le co-allaitement est une pratique qui trouve sa place dans de nombreuses cultures à travers le monde. Dans de nombreux pays, il est considéré comme quelque chose de naturel et d'instinctif, sans susciter de questionnement ni de jugement. Les femmes allaitent leurs enfants de manière simultanée, que ce soit des jumeaux, des enfants d'âge différent ou des enfants de la même fratrie. Cette pratique est intégrée dans le quotidien familial, où l'allaitement est perçu comme un lien puissant qui unit la mère et ses enfants.
En France, de nombreuses personnes méconnaissent ce sujet et vont être dans le jugement ou bien apporter de mauvais conseils aux femmes qui souhaitent se lancer dans cette grande aventure. Il est fascinant de constater comment différentes sociétés embrassent cette pratique avec naturel, offrant ainsi un soutien et une normalisation essentiels pour les mères qui choisissent de co-allaiter.
3. Les peurs et préjugés autour du co-allaitement
Allaiter des jumeaux est moins questionnant que d’allaiter des enfants d’âge différent. En effet, même si cela peut faire peur en termes d’organisation et de disponibilité, cela peut sembler plus naturel dans l’imaginaire collectif (là où la plupart des personnes conseilleraient de sevrer le bambin avant la naissance du nouveau-né).
La peur première est souvent celle de ne pas réussir à nourrir suffisamment les deux bébés. Or, l’allaitement est une question d’offre et de demande : plus le sein est stimulé par des tétées fréquentes plus la production de lait augmente. La femme peut donc allaiter ses jumeaux sans aucun souci de quantité.
La peur de la fatigue est souvent évoquée. Quand cela est possible, allaiter les deux bébés en même temps permet à la maman d’avoir des temps de repos plus grands entre chaque tétée. De nombreuses mamans de jumeaux font ce choix de nourrir les deux bébés en simultané afin de ne pas avoir le sentiment de ne faire qu’allaiter toute la journée, sans répit. Elles trouvent ainsi un rythme et une organisation qui leur conviennent bien.
photo non libre de droits. © Caroline Eveno
4. Co-allaitement : un choix qui appartient à la maman
Lorsqu’une nouvelle grossesse survient et que la maman allaite toujours son bébé/bambin/enfant, la question de la poursuite de l’allaitement de l’aîné.e se pose quasiment d’emblée. Ce choix est très personnel et ne doit occasionné aucun jugement de la part de l’entourage plus ou moins proche. La jeune maman a avant tout besoin de soutien pour bien lancer son co-allaitement.
En effet, certaines femmes ne se sentiront pas d’allaiter deux enfants en même temps et choisiront donc de sevrer l’aîné.e quelques temps avant la naissance, et cela se respecte. D’autres femmes se sentiront appelées dès le début de la grossesse par ce « projet lacté » d’allaiter leurs deux enfants (l’aîné et le nouveau-né), pour d’autres cette envie se révélera au cours de la grossesse, ou même à la naissance (il est courant que des bébés-bambins sevrés demandent à nouveau le sein à la naissance du nouveau-né).
Chaque choix, chaque envie diffère selon les femmes (et une même femme peut avoir des envies et besoins différents selon les moments). Chaque choix mérite d’être respecté et accompagné. Un co-allaitement bien mené nécessite de bien accompagner la maman.
5. Le co-allaitement présente des défis à relever
Il faut savoir qu’une nouvelle grossesse peut induire une sensibilité importante au niveau de la poitrine et plus particulièrement du mamelon. Cela peut rendre parfois l’allaitement douloureux et désagréable et donc peut conduire certaines mamans à sevrer prématurément leur enfant (ou bien à réduire/espacer les tétées pour limiter les douleurs). La lactation étant basée sur un système d'offre et de demande, ce phénomène peut donc entraîner parfois un sevrage non volontaire de l’aîné. Fort heureusement cette sensibilité cesse dès la naissance du bébé. Certaines mamans vont également être confrontées à un phénomène dit « d’aversion » envers l’aîné.e. Ce sera plus fort qu’elles, elles n’arriveront plus à allaiter leur bébé/bambin, car cela leur procurera un fort dégoût. Elles ne s’y retrouveront plus. Ce sentiment peut être passager et cesser à la naissance, tout comme cela peut perdurer dans le temps et induire là aussi un sevrage.
Il faut savoir également que le goût du lait maternel change durant la grossesse, tout comme certaines femmes auront beaucoup moins de lait, voir plus du tout… cela décourage parfois certains bébés mais pas tous.
6. Les inconvénients du co-allaitement
Le bambin peut avoir tendance à réclamer à téter autant que le nouveau-né, soit à un rythme assez soutenu, ce qui peut parfois être très fatiguant pour la jeune maman en postpartum.
De plus, le bambin (du fait de sa succion très efficace) permet de bien lancer la lactation. Le revers de la médaille est que, dans certains cas, le lait coulera beaucoup trop vite pour le nouveau-né qui peut alors faire des fausses routes ou régurgiter le « trop-plein ».
Il faut savoir que le colostrum a un puissant pouvoir laxatif (il aide le nouveau-né à évacuer rapidement le méconium dans les heures ou les jours qui suivent sa naissance), il peut donc perturber fortement le transit du bambin s’il est amené à boire lui aussi le colostrum. D’une manière générale, on veillera à ce que la majeure partie du colostrum bénéficie au nouveau-né, riche en anticorps essentiels renforçant le système immunitaire et digestif du nourrisson, c’est un élément non négligeable de la santé du nouveau-né.
Une fois la lactation bien lancée, il est fréquent que le bambin continue à avoir des perturbations du transit du fait de la composition du lait maternel. Cependant il est possible et plutôt facile de contrecarrer cela avec l’alimentation solide (lorsque l’enfant est déjà bien diversifié bien entendu).
7. Les avantages du co-allaitement
Stimulation efficace de la lactation
Comme dit précédemment, le bambin, du fait d’une succion très efficace, permet à la maman de bien (re)lancer sa lactation, ce qui peut-être bénéfique pour le nouveau-né qui aura ainsi moins de risques de perte de poids conséquente. De plus, le bambin peut permettre de bien soulager un engorgement (comme cela est fréquemment le cas lors de la montée de lait les premiers jours, voir dans les semaines qui suivent la naissance du nouveau-né).
Cela peut également être très bénéfique pour les nourrissons ayant des restrictions buccales et donc une « mauvaise » succion (qui ne stimule pas assez le sein donc la lactation peine à se mettre en place) : l’enfant plus grand ayant déjà une succion très efficace, il « aidera » le plus petit à obtenir les quantités de lait nécessaires.
Des apports nutritionnels optimaux
Il est important de savoir que la composition du lait maternel s’adapte toujours aux besoins nutritionnels de l’enfant le plus jeune. Cependant, le lait maternel sera toujours plus bénéfique nutritionnellement parlant pour l’enfant plus grand en comparaison à des préparations commerciales.
Création d'un lien fort dans la fratrie
Le fait de pouvoir maintenir l’allaitement avec l’aîné.e peut aider à l’acceptation du nouveau-né. Il se sentira moins rejeté que s’il n’avait plus du tout accès au sein comme auparavant. Cela peut donc contribuer à limiter le sentiment de jalousie qui est fréquent lors d’une nouvelle naissance dans une fratrie. L’aîné.e peut ainsi continuer à bénéficier de moments de câlin, réconfort, réassurance au sein.
En partageant ces doux moments de complicité lactée cela peut faciliter le lien d’attachement dans la fratrie, il n’est pas rare de voir les deux enfants se donner la main ou se caresser les cheveux lors d’une tétée commune. N’oublions pas que l’allaitement n’est pas seulement le fait de nourrir : il apporte aussi une sécurité affective non négligeable surtout lors de l’arrivée d’un nouveau bébé dans la fratrie.
Un sentiment d'accomplissement pour la maman
Pour la maman, le co-allaitement peut également renforcer le sentiment de confiance en soi et de fierté au regard de ses compétences maternelles car elle peut ainsi répondre aux besoins de ses enfants en les nourrissant en même temps, sans avoir le sentiment d’en délaisser un en faveur de l’autre. Cela permet des moments d’apaisement au sein de la fratrie et donc de la famille.
En conclusion, le co-allaitement est une aventure lactée qui mérite d'être explorée et respectée. C'est un choix personnel et intime pour chaque mère, qui décide de poursuivre l'allaitement de son aîné.e pendant sa grossesse et d'allaiter deux enfants de la même fratrie. Faisons en sorte que chaque choix concernant l'allaitement soit respecté, accompagné et soutenu, afin que les mamans et leurs enfants puissent vivre cette expérience nourrissante avec amour, confiance et bienveillance.
Terminons sur cette citation du Docteur Gantly Dick Read « L’enfant ne demande que trois choses : la chaleur des bras de sa mère, le lait de ses seins et la sécurité de sa présence. L’allaitement réunit les trois. »
Article rédigé par Caroline Eveno, accompagnante postnatale en Loire-Atlantique (44).
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Pour aller plus loin sur le sujet du co-allaitement, vous pouvez également consulter le site de La Leche League.
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